Les morceaux de Lunar Prelude, tous plus efficaces les uns que les autres, annonçaient encore un excellent album. Ont-ils tenus leur promesse ? La réponse est oui, sans hésiter. On retrouve l'identité de Delain avec ce don pour faire des mélodies efficaces et des paroles qui restent dans la tête au bout de deux écoutes, mais pas seulement. Cet album sait aussi nous surprendre par sa diversité. A cause de leur planning chargé de tournée, le groupe n'a pas vraiment eu le temps de se réunir et de prendre le temps d'enregistrer l'album d'une traite comme c'est en général le cas. Il a donc été enregistré en trois principales cessions et cela se ressent puisqu'on en retire trois grandes tendances stylistiques.
L'album commence avec « Hands Of Gold », un morceau très heavy aux orchestrations bien mises en avant comme c'était souvent le cas sur le précédent album. Ce morceau ouvre l'album de la meilleure manière qui soit avec son refrain entêtant et le concours d'Alissa White-Gluz qui vient y poser ses grunts pour une touche encore plus heavy qui est la bienvenue. Le morceau illustre parfaitement l'une de ces trois tendances, aussi représentée par le morceau « The Glory And The Scum » qui suit. Ce dernier a été choisi pour être la première lyric video (en dehors des morceaux déjà connus de l'EP) et on comprend aisément pourquoi puisque c'est sûrement l'un des morceaux les plus réussis de cet album. On y retrouve ce ton un peu sombre et étrange qui faisait merveille sur « Here Come The Vultures » et que l'on retrouvera tout au long de l'album, notamment sur « Chrysalis », « Danse Macabre » ou le très original morceau final presque instrumental : « The Monarch ». Ce ton sombre ne se retrouve d'ailleurs pas que dans la musique, mais aussi dans les paroles. Alors que le précédent album s'attaquait à des sujets plus vastes (l'industrie pharmaceutique, la condition animale et la société en général), celui-ci est au contraire tourné vers les démons intérieurs et les questionnements psychologiques et philosophiques avec des paroles résolument gothiques. Le thème de la mort est notamment présent sous ses formes littérales et symboliques dans des morceaux comme « Danse Macabre », à l'ambiance un peu new wave, « Turn The Lights Out » et son refrain lancinant ou bien encore « Pendulum », l'un des morceaux les plus heavy dont les grunts sont intelligemment utilisés sur le refrain.
De ce fait, c'est assez logiquement que l'on voit le retour de morceaux plus lents et mélancoliques et même d'une vraie ballade. En effet, alors que le précédent album était tout en force, celui-ci se permet quelques moments plus doux pour contraster avec les deux autres grosses tendances de l'album. « Chrysalis » est la vraie ballade de Moonbathers et c'est une pure merveille. Elle nécessite probablement plus d'écoutes que les autres morceaux parce que plus subtile et moins rentre dedans mais elle n'en reste pas moins réussie avec sa mélodie au piano et ses choeurs éthérés très gothiques, ainsi qu'une superbe montée en puissance à la fin. Il y aussi « The Hurricane », plus mid tempo que vraie ballade mais on retrouve cette même mélancolie dans les lignes de guitare et les vocalises de Charlotte. Et pour conclure l'album, on retrouve donc « The Monarch », un morceau quasiment instrumental tout en douceur et en étrangeté avec de magnifiques orchestrations et qui aurait tout à fait sa place dans la bande originale d'un film.
Enfin si l'album reste résolument un album de métal (quoi qu'en disent les détracteurs du groupe), on y retrouve aussi une tendance plus rock. Les fans du groupe connaissent l'amour de Charlotte pour le rock et la musique des années 80/90 en général et ils ne seront donc pas complètement surpris de retrouver une reprise de « Scandals » de Queen. Si le groupe a déjà repris les Cranberries (« Cordell »), Bronski Beat (« Smalltown boy ») ou Talk Talk (« Such A shame ») sur des EP ou des faces B, c'est la première fois qu'ils le font sur album. Le morceau colle très bien avec la thématique de l'album et c'était un choix parfait pour le groupe et la voix de Charlotte à qui le style va comme un gant. Le morceau a été intelligemment adapté au style de Delain tout en gardant son esprit original. Il est accéléré, "métallisé" et rajeuni pour en faire un morceau extrêmement efficace et probablement le plus "joyeux" musicalement parlant de cet album. Suivant cette tendance rock, on retrouve « Fire With Fire » avec son rythme endiablé et son refrain simple qui reste dans la tête dès la première écoute. Enfin il y a bien sûr « Suckerpunch » qui, bien qu'étant clairement un morceau métal a aussi ce côté rock que l'on retrouve dans les deux morceaux cités précédemment. En faisant maintenant l'ouverture de la plupart des concerts du groupe, il devient le nouvel hymne du groupe à l'instar d'un « We are the others » ou « The Gathering ».
Au final, si l'on peut reprocher quelque chose à cet album, c'est de passer trop vite. Avec quarante-cinq petites minutes et quatre morceaux sur onze déjà connus avant la sortie de l'album, on peut avoir l'impression de rester sur sa faim en l'écoutant pour la première fois. Mais c'est bien le seul aspect négatif, puisqu'encore une fois, il n'y a pas une seule fausse note. Et puis après tout, est-ce que l'on peut vraiment reprocher à un groupe d'en donner trop et trop tôt à ses fans ? Et si les chansons rentrent vite dans la tête, elles n'en restent pas moins riches. Vous serez sûrement surpris de découvrir encore certains détails comme une ligne de choeurs, un jeu de batterie particulier ou un bruitage au bout de nombreuses écoutes. Avec Moonbathers, Delain va fêter ses dix ans d'existence et on ne peut que leur souhaiter que le groupe célèbre encore plusieurs décennies s'ils restent sur ce niveau de qualité !
Note de l'album : 5/5
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Tracklisting et extraits de l'album
Date de sortie : 26 août 2016
Membres du groupe :
- Charlotte Wessels (chant)
- Martijn Westerholt (clavier)
- Sander Zoer (batterie)
- Otto Schimmelpenninck Van Der Oije (basse)
- Timo Somers (guitare)
- Merel Bechtold (guitare)