Il est définitivement plus heavy et sombre que les précédents albums avec des orchestrations plus présentes, plus de chœurs et des compositions plus complexes comme celles qu'on pouvait entendre sur « Lucidity ». La marque de fabrique de « Lucidity » c'était aussi la participation de nombreux guests. Après deux albums ne faisant appel qu'à un seul guest (Marco Hietala de Nightwish sur « April Rain » et Burton C. Bell de Fear Factory sur « We Are The Others »), c'est 3 artistes (sur 4 chansons) qui s'invitent sur ce nouvel opus.

Mais le style « We Are The Others » n'est pas loin non plus ! Au niveau de la thématique déjà, Charlotte et Martjin ont développé sur tout l'album le thème du rapport aux autres et aux personnes différentes déjà présent sur la chanson « We Are The Others ». Les mélodies catchy et les refrains efficaces sont aussi présents, je les chantonnais déjà tous au bout de trois écoutes et ils n'ont pas quitté ma tête depuis !

L'album commence par « Here Come The Vultures », un de mes gros coups de cœur ! Un début de morceau « typiquement Delain » avec la voix de Charlotte sur un son de boîte à musique et piano qui enchaîne sur un gros son de guitares. C'est une première chanson très efficace et peut-être la plus représentative de l'album tellement on y retrouve tous ces éléments caractéristiques comme le côté heavy des guitares ou les orchestrations très présentes. Mais on note aussi la présence de chœurs variés allant de « lalala » presque enfantins à des « hey » beaucoup plus virils donnant l'impression d'être chantés par une équipe de rugbymen. Ils ne sont d'ailleurs pas sans rappeler les chœurs de « Romanticide » sur l'album Once de Nightwish.

Ces breaks de chant quasi a cappella sur une petite musique presque enfantine seront présents tout au long de l'album, comme si Charlotte mettait la musique en pause pour nous raconter une histoire !

Ensuite on retrouve avec plaisir Marco Hietala sur le premier single : « My Body Is A Battleground ». Un morceau bien énervé et terriblement efficace. Le chant de Charlotte tantôt doux, tantôt agressif s'accorde encore une fois parfaitement avec la voix grave et les hurlements de Marco. Comme le reste de l'album, le morceau est truffé de petits détails au niveau des choeurs et de la mélodie qui le rendent vraiment original.

Marco reviendra plus tard sur « Sing To Me », une chanson au tempo un peu plus lent dans la veine d'un « Nothing Left » Charlotte nous montre comme sa voix a évolué depuis « Lucidity » et comme elle est capable d'aller d'une voix douce à un chant grave et agressif puis à des vocalises aériennes. La mélodie est sombre et lancinante. Le morceau se termine en beauté sur le duo Marco / Charlotte. Cette fois ce sont les vocalises de Charlotte en réponse aux « Sing To Me » presque criés de Marco qui m'ont rappelé un « Phantom Of The Opera » de la période Tarja de Nightwish.

On l'a déjà dit « The Human Contradiction » est un album plus heavy et ça veut aussi dire le retour des grunts qu'on avait plus entendus depuis « Lucidity ». On retrouve avec plaisir George Oosthoek sur « Tell Me, Mechanist », un invité régulier des groupes de métal hollandais très apprécié pour ses grunts particulièrement gutturaux. (et déjà présent sur plusieurs morceaux de « Lucidity »). Sa participation apporte une touche sombre à ce morceau déjà bien heavy et un contraste judicieux avec le pont chanté avec une voix très douce par Charlotte.

La petite nouvelle sur cet album est Alissa White-Gluz, anciennement chanteuse de « The Agonist » et depuis peu chanteuse de « Arch Enemy ». Si les quelques passages en voix claire créent des échanges qui fonctionnent bien avec Charlotte, le passage en voix black ne m'a pas convaincu. Au bout de plusieurs écoutes de « The Tragedy Of The Commons », on finit par s'y faire mais j'ai l'impression qu'on aurait pu s'en passer sans rien enlever à l'efficacité du morceau et c'est peut-être un de mes rares points négatifs de ce nouvel opus.

Cet album propose aussi des références plus surprenantes. « Army Of Dolls » commence comme un morceau plutôt heavy somme toute assez classique, mais en deuxième partie de morceau, le groupe nous gratifie d'un passage au rythme presque electro/pop qui rappelle très fortement le « Garbage » des débuts. Jusqu'au chant de Charlotte qui est presque méconnaissable (à se demander s'ils nous auraient pas caché la présence de Shirley Manson sur l'album !). On retrouve aussi ce rythme un peu pop sur le sympathique « Stardust ». Enfin c'est une voix à la « Type O Negative » (probablement l'un des garçons du groupe) que l'on retrouve en duo sur le refrain entêtant de « My Masquerade ». Encore un de ces détails qui donnent beaucoup de personnalité à cet album.

« The Human Contradiction » était l'une de mes plus grosses attentes pour 2014 et je n'ai pas été déçue. On retrouve tous les éléments qui font le succès du groupe et il devrait satisfaire à la fois les amateurs du Delain plus sombre des débuts et ceux du Delain plus rentre-dedans de « We Are The Others ». On note une plus grande attention donnée aux détails : des types de chant et de chœurs très variés, des effets sonores et des influences surprenantes. Après une bonne quarantaine d'écoutes, je continue de remarquer de nouveaux éléments que je n'avais pas entendus avant. Et si quelques morceaux comme « Here Come The Vultures », « My Body Is A Battleground » ou « Sing To Me » sont de gros coups de cœur pour moi, il n'y aucun temps mort ou de morceau qui soit vraiment en-dessous des autres.

Le groupe a encore une fois tenu ses promesses avec un album tout aussi efficace mais vraiment plus heavy que les précédents (même pas une petite ballade sur ce nouvel opus !). Par contre on nous parlait de chansons plus longues et à part « Here Come The Vultures » et ses 6 minutes, rien de particulièrement long. Ce qui fait qu'avec ses 9 chansons, l'album dure à peine plus de 40 minutes et c'est là mon seul gros bémol et c'est très frustrant ! Mais comme le groupe nous a sortis un « Interlude » avec quelques chansons et reprises inédites pour patienter pendant les deux petites années depuis la sortie de « We Are The Others », on les pardonne bien volontiers. Et pour ceux qui, comme moi, n'en auraient pas assez, on pourra se consoler avec l'édition spéciale 2 CD qui comportera entre autres des versions orchestrales de certains morceaux et deux inédits !