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Chronique d'EPICA .:. The Quantum Enigma (2014)

Découvrir un nouvel album d'Epica, c'est un peu comme découvrir un nouvel épisode de Game Of Thrones après de trop longs mois d'attente : on ressent une impatience énorme, on se fait des films dans la tête pendant des semaines à s'imaginer ce qu'il va contenir, et une fois la première écoute achevée, on se dit : « Mais qu'est-ce qu'il vient de se passer ? ». Car si le résultat est toujours très bon, il nécessite une bonne dose d'aspirine pour comprendre les très, très nombreux éléments que contienne l'épisode… pardon, l'album.

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Chronique réalisée par Nicolas, publiée le 22 avril 2014.

En effet, et contrairement à ce que nous disaient Simone et Coen il y a quelques semaines, « The Quantum Enigma » est un album qui demande quelques écoutes avant de le comprendre. Je ne parle même pas ici de l'aimer (après quelques écoutes, la question ne se pose plus sur la grande qualité de cet album), juste d'en sortir indemne… Oui, il faut s'accrocher un peu, tant chaque morceau renferme une puissance et une richesse bien réfléchie.

Coen et Simone à Paris pour notre interview du 20 mars 2014

Alors, certes, le début ne vous surprendra pas, Epica respectant une fois encore l'adage du « on ne change pas une équipe qui gagne » : l'album commence avec la traditionnelle ouverture instrumentale, « Originem » de son petit nom, posant tout de suite un décor de grandiloquence, à grand renfort de chœurs et d'orchestre dans tous les sens. Ce n'est pas l'introduction la plus originem… originale (hum), mais ça a le mérite de faire monter la pression et d'être efficace.

Le morceau qui suit, « The Second Stone », est lui aussi une pierre remarquable d'efficacité : la structure du début du morceau n'est pas sans rappeler des dizaines de morceaux taillés rentre-dedans (Rhapsody Of Fire n'a qu'a bien se tenir) et file une patate d'emblée : pour un départ réussi, c'est réussi ! Le morceau est l'un des plus simples de l'album, comme le veut (souvent) cette position sur le CD. On n'en demande finalement pas plus : le son « Epica » est là, et force est de constater que la production servant cet album est redoutable : puissante, profonde, jamais un album d'Epica n'avait connu une production sonore aussi aboutie. Il suffit de réécouter un des albums précédents du groupe pour se rendre immédiatement compte de la différence ! Chapeau bas à Joost Van Den Broek (ex-claviériste d'After Forever) pour cet enregistrement !

Le premier gros bloc de morceaux s'enchaîne avec « The Essence Of Silence », premier extrait tiré de l'album et qui eut le droit à une lyric vidéo ma fois bien sympathique. Le morceau est très direct, assez agressif (mais ce sera le cas de nombreux morceaux de cet album) et, même si il demande aussi plusieurs écoutes pour l'apprécier à sa juste valeur, il offre un joli résumé de la richesse dont je parlais : un mix parfait de toutes les facettes du groupe, appuyé, dans des moments bien choisis, sans place au hasard, par les chœurs et l'orchestre.

Video lyrics de The Essence Of Silence

Difficile de reprendre sa respiration sur les presque cinq minutes du morceau, mais ce n'est pas fini. « Victims of Contingency » est un morceau plus court (à peine trois minutes trente) et qui, après une jolie introduction de violons, va proposer un morceau à la structure très simple : les grunts de Mark se disputent les couplets avec des chœurs, alors que Simone s'occupe de répéter un refrain diablement efficace et entêtant.

« Sense Without Sanity - The Impervious Code » (Epica a toujours aimé les noms simples de chanson...) est le premier long titre (près de huit minutes). Comme d'habitude avec ce type de morceau, on découvre un panel de plusieurs ambiances différentes : une première minute d'introduction très calme et bercée par des chœurs, avant de retrouver tout le groupe dans des couplets entêtants (qui compensent l'absence d'un vrai refrain) et dynamiques, et toujours, toujours ces chœurs, judicieusement placés : on ne retrouve pas des chœurs juste pour le principe, mais vraiment lorsque c'est bien choisi. Et il s'avère que ça l'est souvent. Le break du morceau, dans lequel le batteur prononce même quelques paroles, est un vrai moteur de pression pour achever un morceau complexe, varié, et surtout réussi. Enfin, « Unchain Utopia », second single servant à promouvoir l'album, offre certainement le refrain le plus accessible de tout le CD. Entièrement chanté par les chœurs, il vous restera en tête de longs moments. C'est aussi l'un des titres les plus faciles d'accès et c'est certainement cette raison qui en a fait le single officiel.

On souffle un peu avec « The Fifth Guardian - Interlude » qui marque un pas dans un nouvel univers musical : l'Asie ! Les membres du groupe ont toujours été fans de Kung Fu Panda, disent-ils, alors pourquoi pas… Cela dit, le pari est réussi, on s'y croirait. Si parmi vous certains sont des irréductibles joueurs de « World Of Warcraft », alors vous imaginerez sans peine cette musique couvrir l'extension « Myst Of Pandaria ». La bonbonne d'oxygène ayant profité des trois minutes de l'interlude pour se remplir, « Chemical Insomnia » prend le relais, et on est très vite reparti dans une dynamique soutenue par un riff vraiment efficace. Le morceau fait la part belle aux guitares et ne laisse pas trop de répit, excepté pendant un refrain plus posé dans lequel Simone démontre une nouvelle fois son talent dans la tenue des notes.

Simone durant l'enregistrement de The Quantum Enigma

« Reverence - Living In The Heart » s’enchaîne sans temps mort, avec la batterie d'Arien qui ponctue chaque seconde d'une force remarquable, et un refrain encore une fois très entêtant ; c'est l'un des points forts de cet album : au-delà de la richesse de chaque composition, nombreux sont les titres de cet album qui contiennent un refrain efficace et qui reste vite en tête. « Omen - The Ghoulish Malady » suit la même direction, et, même si il est bien plus calme que le précédent, ce titre renferme toujours cette richesse dans la composition et ce refrain accrocheur.

Les albums d'Epica sont longs, très longs, et « The Quantum Enigma » ne déroge pas à la règle. Treize morceaux pour plus d'une heure dix de musique. De quoi placer « Canvas Of Life », la seule ballade de l'album, dans laquelle la voix de Simone se promène sur une mélodie au piano, rejoint par l'orchestre et le reste du groupe. Une jolie ballade, en somme. « Natural Corruption » est comme une petite parenthèse entre la ballade et le traditionnel morceau de bravoure de l'album : un morceau sympathique, mais qui après plus d'une heure de musique ne se démarque pas vraiment du reste, encore que son refrain est, une nouvelle fois, particulièrement réussi, avec une Simone presque plaintive. Cela offre un beau final au morceau et qui permet d'accueillir d'une jolie façon le titre éponyme à l'album. Sous-titré « Kingdom Of Heaven part 2 », ce long morceau de près de douze minutes commence de la même façon que son grand frère sur « Design Your Universe », puis on assiste à une montée en puissance de l'orchestre, des instruments du groupe, jusqu'aux chœurs qui n'auront de cesse de scander « THE QUANTUM ENIGMA » tout au long du morceau. Le refrain est une réussite et colle parfaitement au côté « morceau final de l'album ».

Simone et Mark à Paris (Bataclan), le 29 avril 2012

Passé la moitié du morceau, le break nous offre une courte accalmie, ça repart un peu, puis ça retombe de nouveau : simple excuse pour reprendre un crescendo musical jusqu'à une dernière reprise du refrain qui achève le morceau dans une grandiloquence propre au groupe. Une vraie merveille ! Ce morceau clôture l'album en le représentant parfaitement : un album très bien produit, très inspiré, riche et qui ravira les fans d'Epica tout en gagnant le respect des autres !

Note de l'album : 5/5

Tracklisting et extraits de l'album

Date de sortie : 2 mai 2014

Membres du groupe :

  • Simone Simons (chants)
  • Mark Jansen (guitares & chants)
  • Coen Janssen (synthés & piano)
  • Isaac Delahaye (guitares)
  • Arien van Weesenbeek (batterie)
  • Rob von der Loo (basse)