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Chronique de LACUNA COIL .:. Dark Adrenaline (2012)

Aujourd'hui, il est souvent de bon ton d'espérer de nos groupes favoris qu'ils reviennent aux sources, sans toutefois qu'ils cessent de nous surprendre. Cette équation, lâchée comme une formule magique, n'a évidemment rien d'aisé pour un groupe potentiellement essoufflé, affichant une bonne quinzaine d'années au compteur, puisqu'on sollicite de sa part qu'il entame un virage tout en restant bien droit sur ses rails, ou qu'il repeigne une de ses anciennes toiles sans s'autoplagier : une sorte de changement dans la continuité, en somme.

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Chronique réalisée par Guillaume, publiée le 23 janvier 2012.

C'est en tout cas muni de ce cahier des charges pour le moins casse-gueule (tant la marge de manœuvre est minimale) que les italiens de Lacuna Coil ont envisagé Dark Adrenaline, leur sixième opus. Très tôt dans la promotion de ce nouvel album, Cristina Scabbia tenait justement à signaler qu'il s'agissait d'un retour aux sources. Voici donc le dilemme auquel Lacuna Coil devrait faire face : délaisser le neo metal d'inspiration nord-américaine entendu sur les récents Karmacode et Shallow Life, au profit d'un metal atmosphérique aux influences gothiques, plus européen, dont s'inspiraient les anciens Unleashed Memories et Comalies.

Cristina Scabbia à l'occasion de notre interview à Paris, le 30 novembre 2011

Si le résultat final est très satisfaisant, force est de constater que les engagements pris ne sont pas entièrement tenus. D'emblée, Dark Adrenaline brille par sa production très propre, ses compositions servies par des schémas musicaux directs et faciles à retenir (la patte de Don Gilmore, producteur de Linkin Park, n'y est assurément pas pour rien). « Upside Down », « The Army Inside » et « Fire » sont de ces titres particulièrement simples et efficaces, flirtant avec la barre des trois minutes propres aux tubes radiodiffusables.

Pour autant, le combo transalpin renoue avec des sonorités gothiques notamment le temps du langoureux « End Of Time », lent et atmosphérique à souhait, ou de l'hommage « My Spirit » à feu Peter Steele (Type O Negative), achevant l'album sur une coloration plus doom et tranchant dans le tracklisting avec ses cinq minutes bien tassées. Notre oreille se portera également sur le single « Trip The Darkness », à la fois sombre et complexe, et surtout le très entêtant « Give Me Something More », ni plus ni moins la pièce favorite de votre serviteur sur cet album.

Les lignes vocales constituent par ailleurs une excellente surprise, tout d'abord parce que le chant d'Andrea s'est nettement bonifié : il gagne en justesse et en assurance, au point de glisser quelques mots dans sa langue natale sur « My Spirit ». Cristina, méconnaissable sur « End Of Time », oscille entre un chant incisif (« I Don't Believe In Tomorrow »), voire parfois lascif (« The Army Inside ») et quelques envolées hautement perchées remarquables sur « Intoxicated ». Les guitares ne sont pas en reste, grasses à bon escient, et particulièrement plaisantes sur des titres comme « Against You » et « The Army Inside » agrémentés de soli réussis.

Notons au passage la reprise de « Losing My Religion », empruntée aux américains de REM, qui devrait diviser sur son efficacité tant les couplets sont ralentis. Comme toujours avec les covers de Lacuna Coil, elle offre en tout cas l'avantage d'être largement revisitée, sans pour autant être travestie.

Clip vidéo de Trip The Darkness (LACUNA COIL)

Avec Dark Adrenaline, le sextet de Milan navigue entre deux eaux et l'album pourrait s'apparenter à une sorte de chaînon manquant entre Comalies et Karmacode, malheureusement moins inspiré que le premier mais plus varié et abouti que le second. Lacuna Coil brosse un album résolument sombre par sa palette de sonorités employée, mais également par le champ lexical constamment utilisé. Espérons que cet album soit lui même celui de la transition, et surtout celui depuis lequel le chant d'Andrea s'est enfin révélé à sa juste valeur.

Note de l'album : 4/5

Tracklisting et extraits de l'album

Date de sortie : 23 janvier 2012

Membres du groupe :

  • Cristina Scabbia (chant)
  • Andrea Ferro (chant)
  • Cristiano Migliore (guitare)
  • Marco "Maus" Biazzi (guitare)
  • Marco Coti Zelati (basse)
  • Cristiano "CriZ" Mozzati (batterie)