Tout d'abord, parlons des textes. S'ils ont toujours une certaine importance, ici c'est particulièrement le cas puisque, comme dans les précédents albums de Melted Space, ils racontent une histoire. Comme dans les précédents albums, on y retrouve des personnages issus de différentes mythologies.
Pour The Great Lie, on retrouve Titania, la reine des fées prisonnière d'un château de verre, des dieux gréco-romains, un dieu nordique, un sphynx, une romance impossible, la trahison d'un frère et même un dragon (oups ! les trois derniers viennent d'une autre histoire). Les textes sont prenants et bien écrits mais je n'en dirai pas plus, et vous laisse le plaisir de découvrir par vous-même cette belle histoire qui possède tous les éléments tragiques d'un opéra classique, mais avec le mélange d'univers caractéristique des albums du groupe.
Si les albums de Melted Space sont souvent comparés à Ayreon ou Star One pour leur structure, on retrouve en revanche de fortes influences black/death et très peu de progressif. En effet, si The Great Lie est clairement un album de heavy metal symphonique, Pierre Le Pape venant du black/death, en a mis quelques doses dans tout l'album. Mais comme avec tous les choix musicaux de l'album, ils sont parfaitement cohérents avec l'histoire. La batterie typiquement black metal vient ponctuer des moments particulièrement dramatiques et les chanteurs David Vincent (Morbid Angel), Michael Stanne (Dark Tranquillity) ou Attila Csihar (Mayhem) jouent des dieux ou des « grands méchants », et leurs voix puissantes donnent une grande profondeur à leur rôle.
En revanche, si l'on retrouve pas mal de « grosses » voix masculines (mais pas que), on retrouve peut-être l'influence « LivKristinienne » de Pierre Le Pape pour le choix des voix féminines. Si cela peut surprendre à la première écoute, en particulier lorsqu'on est habitué aux voix puissantes du métal mélodique d'inspiration hollandaise, les voix douces des différentes chanteuses participant à l'album font merveille en contraste avec les voix masculines et sont très joliment maîtrisées. On retiendra tout particulièrement Christine Rhoades dans le rôle de Hope et Aylin Gimenez Garcia dans celui de Titania.
L'album raconte une seule et même histoire. Ainsi, il s'écoute vraiment dans son ensemble et on retrouve une grande cohérence entre chaque morceau. Mais plus on l'écoute, plus les morceaux se détachent les uns des autres. Le nombre important de personnages, leurs différentes interactions et la variété des influences musicales permettent de donner à chaque titre son caractère et son ambiance bien spécifique. Tandis que certains morceaux semblent être du pur heavy symphonique, d'autres comme « A Terrible Fight » penchent nettement vers le côté black/death, alors que « The One Who Lost Faith », mis à part un joli solo de guitare, trouverait quasiment sa place dans un opéra classique tant l'orchestre est omniprésent et l'interprétation des deux chanteurs puissante.
C'est d'ailleurs ce qui fait l'une des grandes forces de cet album, ce côté très dramatique et théâtral qui ne tombe jamais dans le ridicule mais rappelle au contraire l'ambiance des opéras classiques et nous donne envie de voir les images associées à ces textes et ces voix. Et si toutes les parties orchestrales sont parfaitement composées et jouées, il n'y en a jamais trop, puisque l'on retrouve aussi des ambiances plus minimalistes lorsque cela sert l'histoire. Pierre Le Pape ayant à la base une formation de pianiste, on peut entendre de très jolies mélodies au piano sur tout l'album mais particulièrement sur « No Need To Fear » et « A God Is Dead ».
Au final, The Great Lie est une excellente surprise au point que j'avais commencé une liste des morceaux qui étaient selon moi les meilleurs, pour finir par me rendre compte qu'ils y étaient presque tous ! Je vais donc suivre de près la carrière de Melted Space et attendre avec impatience de retrouver toute la puissance de cet album en live.
Note de l'album : 4/5
■
Tracklisting et extraits de l'album
Date de sortie : 16 octobre 2015
Membres du groupe :
- Guillaume Bideau (chant, photographe)
- Christine Rhoades (chant)
- Aylin Gimenez Garcia (chant)
- Attila Csihar (chant)
- Mikael Stanne (chant)
- David Vincent (chant)
- Niklas Kvarforth (chant)
- Mariangela Demurtas (chant)
- Kobi Farhi (chant)
- Manuel Munoz (chant)
- Arno Strobl (chant)
- Clémentine Delauney (chant)
- Virginie Goncalves (chant)
- Lucie Blatrier (chant)
- Pierre Le Pape (piano, clavier, orchestrations)
- Adrien Grousset (guitares)
- Brice Guillon (basse)
- Michael Saccoman (batterie)
- Arjen Anthony Lucassen (solo de guitare, dulcimer et synthé sur « The One Who Lost The Faith »)
- Sylvain Coudret (solo de guitare sur « Titania »)
- Adrian Martinot (solo de guitare sur « Terrible fight » et « Hopeless Crime »)
- The city of Prague Philarmonic Orchestra dirigé par Adam Klemens