Sabrina : Le teaser de l'album mentionne un ancien sanatorium et les photos qui illustrent l'album ont en effet l'air d'avoir été prises dans un sanatorium abandonné. Est-ce ce lieu qui vous a donné l'inspiration pour écrire l'album ou avez-vous d'abord eu l'idée avant de partir à la recherche d'un tel endroit ?
Andrea : En fait, le concept de l'album a été décidé alors qu'on travaillait sur la chanson « Delirium ». On avait la mélodie avec un seul mot dans le refrain et on cherchait le mot juste. Delirium est venu et cela a, en quelques sortes, ouvert une grande porte, une grande fenêtre qui nous a fait voir tout le concept de l'album : les idées pour les photos, les concerts, le backdrop... On a créé tout ça dans la foulée. Il y a quelques temps, certains d'entre nous avaient visité un vieux sanatorium abandonné là où on vit, à Milan dans le nord de l'Italie, par curiosité, en touristes. Et juste le fait de voir ce lieu, les allées, les différentes chambres, imaginer les patients et tous les gens qui ont vécus là pendant des années, ça nous a donné toutes ces idées. Aussi, lorsqu'on a trouvé le concept, on s'est souvenu de cette journée et on a en quelques sortes construit l'album comme ce sanatorium. On a inventé le sanatorium de Lacuna Coil : l'idée est que dans chaque chambre, il y a un patient et chacun d'entre eux a un problème différent. Pour nous, chaque chambre est une chanson et une maladie qu'on analyse et qu'on applique à la folie de la vie de tous les jours. Je vais te donner un exemple pour que tu comprennes mieux. Prends la chanson « You Love Me Cause I Hate You » : on voulait parler du syndrome de Stockholm, qui est ce qui arrive lorsque quelqu'un est kidnappé et finit par tomber amoureux de la personne qui l'a emprisonné. Evidemment, nous n'avons jamais été kidnappé (rires) mais ça parle plutôt de ces relations dans lesquelles on se sent enfermé. Et même si c'est très négatif et toxique, on ne peut pas vraiment s'en défaire parce qu'on a l'impression que cette relation est bonne pour nous. Donc on a fait le parallèle entre une expérience réelle et un sujet plus vaste qui est la maladie mentale. Mais c'est aussi un sujet délicat parce qu'on ne voulait pas aller trop loin par peur d'être mal compris ou de tomber dans le mauvais goût. On voulait juste évoquer l'idée. Mais cela pourrait aussi être à propos de la folie qu'on peut percevoir en allumant la télé et en observant le monde qui nous entoure, les temps incertains dans lesquels nous vivons. Toute cette folie était une bonne combinaison avec le sanatorium de Lacuna Coil.
Sabrina : Vous avez décrit cette album comme encore plus heavy que le précédent et on peut clairement entendre plus de grunts qu'avant mais aussi de nouveaux éléments. On entend des sons électroniques et Cristina utilise aussi une voix assez différente, comme ce style très éthérée, presque fantomatique sur « House Of Shame ».
On a déjà pas mal d'albums à notre actif dans notre carrière, donc lorsqu'on a entamé celui-ci, on voulait juste suivre la musique. Si Marco, notre parolier principal, composait une chanson particulièrement heavy, on se disait : « Pourquoi essayer de l'adoucir, juste parce qu'on aurait un son auquel nous sommes censés coller ? » Nous allons plutôt essayer de la rendre plus heavy parce que c'est ce dont la chanson semble avoir besoin. Cet album est basé sur des guitares lourdes, et on a souhaité poser un chant brut dessus. On a donc essayé et on a adoré parce que c'est ce qui convenait à ces chansons. On ne s'est pas trop inquiété du fait de sonner comme Lacuna Coil. De toute façon, ça sonnera toujours comme du Lacuna Coil parce que c'est ce que nous faisons depuis des années, et qu'il y a certaines caractéristiques dans notre musique qui seront toujours là. Du coup, au lieu d'essayer de faire des compromis, s'il y avait besoin que tel ou tel morceau soit heavy, alors on le faisait heavy. C'était important d'avoir cette liberté parce que ça nous ramenait inconsciemment au temps de Comalies ou Karmacode où on était probablement pas aussi mature mais où l'on suivait tout simplement la musique. Peut-être qu'inconsciemment, après cette époque, nous sommes devenus plus matures et plus conscient de notre son et de ce à quoi Lacuna Coil devait ressembler. Or ce n'est peut-être pas la bonne chose à faire. Avec cet album, on voulait surprendre les gens et c'est pour cette raison que « House Of Shame » est en première position dans le tracklisting. On voulait que les gens se demandent : « Est-ce vraiment Lacuna Coil ? » (rires) On voulait des réactions fortes de la part des fans, parce qu'après avoir fait plusieurs albums, il est important en priorité de pouvoir encore se surprendre soi-même, et ensuite de pouvoir surprendre ceux qui écouteront les chansons. Evidemment, certains vont aimer ça et d'autres vont détester. Certains voudraient qu'on soit plus pop, d'autres qu'on soit plus heavy ou juste différent. On ne s'est donc pas trop posé de questions : on a juste fait ce qui nous semblait bien pour les chansons.
Guillaume : Concernant la tournée, penses-tu que vous jouerez beaucoup de chansons de cet album ?
Je pense que dans un premier temps, on va d'abord introduire celles qui sont déjà publiques. On va commencer à tourner en avril en Asie. On fait des festival à Manille et à Shanghai. Ensuite, on va aux Etats-Unis pour faire une petite tournée en tête d'affiche pour présenter l'album, et ensuite on a quelques shows avec Halestorm. Je pense qu'on jouera quelques nouvelles chansons, les autres seront nos habituelles de Comalies, Karmacode ou Dark Adrenaline. Puis plus tard, on commencera la vraie tournée, et à ce moment là on jouera plus de chansons du nouvel album.
Guillaume : Je posais la question car il y a beaucoup plus de grunts sur ce nouvel album. Est-ce qu'il te sera possible d'en faire autant sur chaque date ?
Oui ! Bien sûr, il faudra voir ça : il faut qu'on répète pour voir si physiquement je peux le faire. Cristina a aussi des parties très aigües à chanter sur certaines chansons. Donc il faudra répéter et voir celles qui sont faisables et celles qui auront peut-être besoin d'être un peu modifiées. Mais je crois qu'on peut affirmer qu'il y aura de nombreuses nouvelles chansons issues de Delirium.
Guillaume : Votre précédent album avait un thème et une ambiance très marqués. Or celui-ci semble aller encore plus loin, avec un aspect visuel très spécifique également. Est-ce que tu considères Delirium comme un concept album ?
Ecoutez la réponse de Andrea
Nous le considérons comme un concept album parce qu'en effet, il développe un concept qui est commun à toutes les chansons, même si ce n'est pas un album qui raconte une histoire. Nous n'avons pas vraiment d'histoire qui commence à la première chanson et qui se termine à la dernière. Même s'il est vrai que « House Of Shame », la première chanson, décrit l'endroit en parlant de ce sanatorium. On s'est inspirés d'un véritable sanatorium en Amérique du Nord qui est réputé hanté par des fantômes. C'est ce que nous décrivons en introduction de l'album. Puis ensuite, il est question de chaque chambre, et enfin la dernière chanson aborde l'idée de dernière chance pour sortir de ce sanatarium. Mais on ne sait pas si on y arrivera. Donc il y a une certaine logique dans le déroulement de l'album, mais il ne s'agit pas d'une histoire à part entière avec des personnages que l'on peut nommer.
Guillaume : Ce que tu dis me fait penser au London Dungeon. Dans chaque pièce, on raconte une partie sombre de l'historie de Londres.
Oui c'est probablement quelque chose de similaire, même si évidemment on adapte l'histoire à nos propres expériences. Elles sont écrites de manière à les rendre plus personnelles, pour que les gens puissent s'y identifier à leur manière. Comme je l'ai déjà dit, « You Love Me Cause I Hate You » peut vouloir dire quelque chose de différent pour chaque personne. C'est quelque chose que tu aimes, mais que tu détestes en même temps. Pour nous, c'était ce type précis de relation que nous souhaitions décrire.
Guillaume : Récemment, vous avez dit que vous discutiez des vêtements et décors pour la scène, en prévision des concerts. Que peut-on espérer ? Est-ce qu'il s'agira de quelque chose dans la veine des photos promo de Delirium ?
Naturellement, dans un premier temps, on portera les vêtements que nous portions sur les photos parce que c'est ce qu'il y a de plus logique. Nous sommes également sur le point de tourner un clip, donc on se servira aussi des vêtements de la vidéo sur scène. Mais je suis convaincu que cet aspect se développera encore plus. On voudrait amener encore plus d'éléments pour la scène. Mais cela dépendra aussi des dimensions de scène que nous aurons. On voudrait aussi quelque chose de plus théâtrale sur cette tournée. En fait, nous aimerions créer une sorte de comédie musicale pour cet album. Mais bien c'est très compliqué à faire et ce ne sera pas pour tout de suite. Dans l'immédiat, il s'agit surtout de promouvoir l'album, de faire des concerts et des festivals.
Guillaume : Donc au bout d'un moment, vous pourriez envisager de jouer tout l'album durant un concert ?
Oui, mais il faudrait que ça inclut également l'aspect visuel. Dans l'idéal, il faudrait probablement qu'on fasse ça dans un théâtre. Mais pour l'instant, c'est beaucoup trop loin dans le futur. On a de nombreuses idées, on en parle tous les jours, mais il ne sera pas possible de toutes les réaliser.
Sabrina : Vous avez parlé d'un clip vidéo tout à l'heure. Est-il déjà tourné ?
Non, car nous avons des difficultés pour trouver le bon réalisateur. Nous avons déjà une idée qui devrait nous permettre d'utiliser un minimum d'effets spéciaux ou éléments artificiels. On souhaite que le clip ait l'allure d'un film, avec des plans de qualité, des angles intéressants et une belle photographie. Lorsque nous avons pensé à ce sanatorium, nous avons cherché des photos de véritables personnes ayant vécu dans des sanatoriums, et elles faisaient très peur. Enfin, pas vraiment peur, mais en tout cas elles mettaient très mal à l'aise. Il n'y avait pas de sang ou de chaîne, rien qui fasse film d'horreur. C'était réel, et l'étrangeté venait de leur regard, la façon dont elles nous regardaient, leur façon de se tenir. Il y avait cette photo d'un homme sur un lit qui donnait presque l'impression de flotter, tellement il était nerveux et tendu. On aimerait parvenir à reproduire cette sensation réelle, sans effets spéciaux. Bien sûr, il faut toujours un minimum d'effets spéciaux, mais le clip ne doit pas reposer sur ça. Donc on lutte pour trouver le bon réalisateur qui pourrait mettre en image notre idée, car chacun a sa propre interprétation. Certains vous envoient des images d'un film, mais comme nous n'avons pas le budget de ce film, comment pourrions-nous donner le même aspect sans effets spéciaux ? On veut que ça ait l'air vrai et que ça donne à réfléchir. On tient à faire ressentir ce genre d'émotion.
Sabrina : Tu as évoqué le fait que vous aimiez le côté théâtral d'un show. À ce propos, as-tu des groupes ou des films de référence ?
Non, on a des idées mais rien de spécifique. Peut-être quelque chose faisant référence à des films anciens, mais rien qui nous ferait dire : « Je veux que ça ressemble à ça ! » Nous avons tellement d'idées, principalement visuelles... On imagine des lieux, des visages, des angles de caméra. Cela pourrait avoir un côté Kubrick, mais aussi un côté film d'auteur pour l'aspect étrange. Je n'ai pas en tête quelque chose de spécifique que je puisse décrire. C'est pour cette raison qu'il est compliqué de trouver un réalisateur et de lui faire comprendre ce que l'on veut parce que nous n'avons rien à lui montrer.
Guillaume : À l'occasion du festival 70000 tonnes de métal, Cristina a participé à un All-star Jam avec des membres d'autres groupes durant lequel elle a chanté « Killed By Death » de Motorhead, en hommage à Lemmy Kilmister. Début 2012, vous aviez fait la première partie du Gigantour avec Megadeth, Volbeat et Motorhead. Est-ce à cette occasion que vous aviez rencontré Lemmy pour la première fois ?
En fait, avant ça, je l'avais rencontré rapidement lors de festivals ou au Rainbow à Los Angeles où il allait très souvent. Mais nous n'avions jamais vraiment eu l'occasion de discuter. Lors de cette tournée, il ne se sentait déjà pas très bien. Il a annulé la dernière partie de la tournée au dernier moment parce qu'il avait des problèmes de gorge et aussi du diabète. Mais un soir, nous avons pu passer du temps avec lui, dans sa loge ! Il a été génial : il était tellement drôle, très loin de son image publique de gros dur. Il était très honnête, il nous a donné des conseils, et nous a dit qu'il aimait notre musique. Il était également très cool. À cette occasion, on a pris quelques photos ensemble. Mais on a surtout passé du temps avec les autres membres du groupe parce qu'il ne se sentait pas très bien, et qu'assez souvent, il allait directement dans le bus après le concert. En tout cas, je me souviendrai toujours de cette soirée.
Sabrina : Daniel Sahagun n'était pas présent sur les photos promo. Est-ce que cela veut dire qu'il ne sera pas un membre officiel du groupe et que vous êtes toujours à la recherche d'un guitariste ?
En fait, il y a beaucoup de confusion à ce sujet parce que quelqu'un a écrit à tort qu'il était notre nouveau guitariste sur la page wikipedia du groupe. Mais en fait ce n'est pas le cas. Ce n'est pas possible parce qu'il habite aux Etats-Unis et que nous y avons déjà notre batteur. Or le fait d'avoir deux membres de Lacuna Coil là-bas serait trop compliqué sur le plan logistique, et trop cher. Mais sinon, il pourrait l'être parce que c'est vraiment notre frère. Il nous a beaucoup aidé lorsque Marco a eu des problèmes et qu'il ne pouvait plus participer à la tournée. C'est un très bon guitariste et bassiste, et il chante aussi très bien. Mais ce n'est vraiment pas possible en terme de logistique et de distance. Par contre, nous sommes en train de faire un essai avec un nouveau guitariste italien. On commencera avec lui lors de la tournée en Asie et en Amérique. Mais on veut attendre d'être sûr avant de l'annoncer. On tient à lui donner la possibilité de jouer et de passer du temps avec nous dans le bus, pour voir si nous fonctionnons bien ensemble, comme nous l'avons fait avec Ryan. En fait, on connaissait Ryan depuis huit ans parce qu'il était notre technicien batterie. Puis, on a passé trois ans avec lui au sein du groupe. Il s'agissait d'un processus lent et naturel dont l'aboutissement a été de le choisir comme membre du groupe. On va faire pareil avec notre nouveau guitariste, et nous espérons qu'à l'issue de cet essai il pourra devenir le nouveau membre permanent du groupe. Mais on doit d'abord travailler avec lui pour voir si ça colle. On ne veut pas annoncer quelqu'un pour que ce soit quelqu'un d'autre dans six mois.
Guillaume : Il sera donc avec vous lorsque vous entamerez les concerts dès le mois d'avril.
Oui. Il a aussi enregistré deux solos sur le nouvel album. Désormais, il nous reste à tester une tournée ensemble pour voir comment ça marche. Tant que tu n'as pas tourné avec quelqu'un, tu ne peux pas savoir. Et si c'est la bonne personne alors il deviendra un membre officiel.
Guillaume : Et Ryan est toujours un membre officiel, habitant aux Etats-Unis.
Oui, exactement. Mais il passe aussi beaucoup de temps en Europe parce qu'il nous accompagne sur les festivals de l'été. En ce moment, il est à Milan. (rires) D'ailleurs, il s'est aussi marié en Italie.
Sabrina : Super ! Avec une femme italienne ?
Non, c'est une américaine, mais elle est venue juste après la fin de la tournée. Ils se sont mariés près du lac de Come, qui est un très bel endroit, très romantique. (rires) On a même organisé le mariage pour lui, le restaurant, la réception dans une ancienne bibliothèque. Et c'était très cool ! (rires)
Sabrina : En juillet, vous allez jouer au Rock'n'roll Train Festival en France. Vous n'êtes pas passés par la France depuis octobre 2012 ! C'est une bonne nouvelle de vous revoir à nouveau en France !
Oui, nous ne sommes pas venus sur la tournée Broken Crown Halo pour des questions de trajet et de tournée, c'était de la pure malchance. Nous avons fait deux tournées en Europe pour cet album. La première était avec Paradise Lost et Katatonia, pour l'anniversaire de Paradise Lost. Nous n'étions pas en tête d'affiche, et pour certaines raisons, ils ne sont venus qu'au Royaume-Uni, en Allemagne et en Suisse. On n'a pas joué en France, en Italie, en Espagne ou au Portugal. Puis sur notre tournée, c'était surtout le Royaume-Uni et un peu l'Allemagne. Et malheureusement, il n'y avait pas de salle disponible à Paris à ce moment là. On a donc du faire l'impasse. On a joué au Luxembourg : c'était le plus près donc pas mal de gens sont venus de France. C'est vraiment juste une question de malchance.
Sabrina : Oui, de nombreux groupes nous disent qu'ils ont du mal à trouver des salles sur Paris. Ils se retrouvent souvent à jouer en banlieue ou dans de plus petites salles.
Oui, il y a beaucoup de tournées et pas assez de salles. C'est la même chose à Milan, ça devient compliqué. Parfois, ça ne marche juste pas. C'est dommage parce que cela s'est toujours bien passé à Paris. Il n'y a vraiment aucune raison pour qu'on ne revienne pas.
Guillaume : D'autant que deux des salles qui accueillaient le plus de concerts de métal sont fermés en ce moment, y compris le Bataclan.
Oui, on y a joué il y a quelques années d'ailleurs.
Sabrina : Avez-vous déjà commencé à planifier la tournée européenne ?
Oui, elle devrait se déroulait après l'été. On fait d'abord une tournée en Australie et au Japon. Puis ensuite, on viendra en Europe, probablement autour d'octobre ou novembre.
Guillaume : Cristina et toi êtes tous les deux souvent sollicités pour des couvertures de magazines. Vous est-il déjà arrivé de refuser parce qu'elles étaient bizarres ou de trop mauvais goût ?
Non, je ne crois pas. Certaines sont plus étranges que d'autres. Par exemple, hier, nous avons pris des photos pour le magazine Kerrang (numéro de juin 2016) : nous avons posé avec des corbeaux, de vrais corbeaux, des oiseaux noirs, gros comme ça ! (rires) C'était incroyable ! Mais parfois, certaines idées semblent géniales et au final, le résultat n'est pas terrible. D'autres fois, c'est l'inverse : tu as l'impression que ça va être de mauvais goût et au final, c'est génial. Pour l'instant, nous essayons de rester vraiment dans le concept de l'album, dans un premier temps en tous cas. On veut surtout du blanc et des camisoles de force. C'est aussi ce qu'on a utilisé hier, on veut garder ce thème fort au début. Puis peut-être qu'on fera des photos plus glamours pour des magazines. En Italie, les magazines de photos alternatifs sont plus nombreux.
Guillaume : Quels sont le dernier film que tu as vu, le dernier livre que tu as lu et le dernier album que tu as écouté ?
La dernière fois que je suis allé au cinéma, c'était pour voir Star Wars ! J'aimerais voir Deadpool et Batman Vs Superman. Malheureusement, je n'ai pas le temps ! Un ami n'arrête pas de me demander quand j'irai le voir parce qu'ils vont finir par l'enlever des salles de cinéma. (rires) Je voudrais au moins voir ces deux-là avant de partir en tournée. Mais si je ne peux pas, je les mettrai sur l'iPad et je les regarderai en tournée. Il y a aussi la série Daredevil que je garde pour la tournée. (rires) Pour ce qui est des livres, je me suis rendu à la présentation d'un livre à Milan : un de mes amis a écrit un livre sur le milieu des night clubs des années 60 à 80. Ça parle également des clubs de rock et des lieux historiques où les premiers groupes de rock, métal et punk jouaient pour le public. Comme c'était très intéressant, j'ai commencé ce livre.
Guillaume : Écoutes-tu beaucoup de musique pendant le processus d'enregistrement ?
Non, parce qu'en général nous n'avons pas le temps. Lorsqu'on a passé une journée à enregistrer, on a juste envie de rentrer à la maison et de se relaxer, peut-être regarder la télévision, mais pas écouter de la musique. Par contre, j'en écoute en tournée : quand un album qui m'intéresse sort, je le mets de côté pour écouter à ce moment là. J'ai quelques nouveaux albums de Century Media dans ma valise mais je ne les ai pas encore écoutés. (rires) Je crois que le dernier que j'ai écouté est celui de Bring Me The Horizon, je l'ai dans ma voiture. Et puis il y a aussi celui d'Anthrax.
Guillaume : Es-tu plutôt attaché à la scène métal américaine ?
Non, j'écoute aussi des groupes européens. Je n'aime pas lorsque c'est trop classique ou trop Power Metal. Ça ne fonctionne pas avec moi. Je ne souhaite pas donner de nom de groupe en particulier parce que je ne voudrais pas qu'ils se sentent offensés. (rires) C'est juste que je n'adhère pas à ce type de métal.
Guillaume : Tu veux dire comme Helloween, par exemple ?
Oui, enfin... J'ai grandi avec le vieux Helloween, évidemment. Ce serait plutôt les nouveaux groupes qui jouent dans ce style, comme Hammerfall par exemple. Je pense que ce sont de très bons musiciens, mais le métal plus mélodique en général n'est pas fait pour moi. Je suis plus intéressé par des groupes plus modernes ou carrément classiques. Encore que cela dépend, on ne peut pas complètement généraliser. Parfois, je tombe sur quelque chose de plus symphonique et ça me plait !
Guillaume : Mais à priori, tu n'écoutes pas de groupe comme Nightwish ?
J'écoute les albums et je connais les groupes. Évidemment, leur dernier album est un album important donc je voulais l'entendre. Je ne suis pas quelqu'un qui juge avant d'avoir écouté ! Ce n'est pas vraiment mon truc, mais je pense quand même que c'est un très bon album, parce qu'ils ont tout : c'est très majestueux et le chant est excellent. C'est juste que je n'ai jamais été fan de cette ambiance plus opératique. Je comprends l'idée, mais je n'accroche pas. En revanche, j'ai énormément de respect pour eux parce qu'ils ont réussi à devenir l'un des plus gros groupes de ce genre en Europe et ils ont clairement une longue carrière. Je les connais depuis l'époque de Tarja et je suis ami avec Floor (Nightwish), Alissa (Arch Enemy), Simone (Epica) ou Sharon (Within Temptation) depuis des années. J'ai beaucoup de respect pour ces musiciens même si j'écoute rarement ce style de métal.
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