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« En fait, les concept albums que je connais sont soit les albums que je préfère le plus au monde, soit des albums que je déteste ! »

Interview de Charlotte Wessels (PHANTASMA)

Les artistes qui ont un univers véritablement riche et fouillé ne sont vraiment pas légion. C'est notamment pour cette raison qu'il est toujours passionnant d'entamer une discussion avec Charlotte Wessels, la pétillante meneuse hollandaise de Delain, cette fois pour aborder la naissance du projet Phantasma. Et à titre personnel, nous aurions évidemment préféré que cette interview reste le seul grand souvenir d'une petite journée banale... Malheureusement, il en fut autrement.

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Propos recueillis à Paris par Sabrina et Guillaume le 13 novembre 2015, retranscrits et traduits par Sabrina.

Sabrina : Nous savons déjà que tu as écrit le roman sur lequel est basé The Deviant Hearts mais as-tu aussi écrit toutes les paroles ?

Charlotte : Oui !

Charlotte de Phantasma à l'occasion de notre interview à Paris le 13 novembre 2015

Guillaume : Vous êtes trois à l'origine de ce projet et on sait que tu as écrit le roman et maintenant les paroles mais comment cela s'est-il passé pour la musique ? Chacun de vous avait-il un rôle précis ou avez-vous travaillé sur tout, ensemble ?

On a plus ou moins travaillé ensemble. En gros, Georg, Oliver et moi avons chacun travaillé sur plusieurs chansons. Je pense que c'est réparti entre nous d'une manière assez équilibré. Oliver a fait tous les arrangements et a joué le rôle d'une sorte de producteur sur l'ensemble du projet. Et comme je l'ai dit, j'ai écrit toutes les paroles parce que, bien sûr, il fallait qu'elles correspondent au roman.

Sabrina : Quel a été le processus pour passer du roman aux paroles des chansons ? De ce que l'on a déjà pu lire, les paroles de la chanson « Incomplete » sont basées presque mot pour mot sur un extrait du roman. Mais qu'en est-il des autres ?

Et bien, mon idée de départ était d'écrire tout le roman et ensuite d'écrire toutes les paroles mais... (rires) écrire le roman a été beaucoup plus difficile que je le pensais. Et j'ai été vraiment très déconcertée par mon manque de confiance à ce sujet. J'en ai également quand il s'agit d'écrire des paroles de chansons, même si j'ai beaucoup plus de pratique. Donc pour la première fois, je voulais écrire une histoire : je l'avais en tête, et dans ma tête c'était parfait. Mais ensuite, il a fallu que je la mette sur papier, et à chaque fois que j'y travaillais, ça ne sortait pas comme je le voulais. C'est vraiment mon premier projet d'écriture de ce type. Ça m'a pris beaucoup plus longtemps que prévu, je n'arrêtais pas de tout ré-écrire. Et au bout d'un certain temps, j'étais encore en train d'écrire le roman, et le moment de l'enregistrement approchait. Les chansons devaient être enregistrées, donc, alors que je n'étais qu'au deux tiers du roman, il a fallu que je travaille sur l'écriture des paroles. Bien sûr, je savais ce qu'il allait se passer d'ici à la fin du roman : j'avais bien l'histoire en tête, mais je n'avais juste pas tous les détails. Parce que bien sûr, certains détails viennent tous seuls, au fur et à mesure de l'écriture. Quelques fois, pour certaines chansons, j'écrivais le roman et je pouvais entendre les paroles, comme par exemple : (Charlotte chante l'intro de « Incomplete ») « When I was a young girl... ». Ces paroles ont été les plus faciles parce qu'elles sont venues immédiatement. Or certaines chansons, notamment celles de Oliver et Georg, contenaient de « fausses paroles ». Et au bout d'un moment, il a fallu les remplacer ! (rires) En fait, dans un sens, ça m'a aidé parce que j'avais ce manque de confiance, et je ne pouvais m'empêcher de réécrire le roman, sachant qu'une fois les chansons enregistrées, je ne pouvais plus retourner en arrière, notamment parce que les paroles suggéraient quelque chose à propos de la fin du livre et je ne pouvais pas changer ça. Donc voilà comment je suis passé sans cesse de l'un à l'autre. Et puis il y a aussi quelques petits détails amusants. Par exemple, Georg écrivait ces fausses paroles, qui ne sont parfois même pas des mots, mais qui permettent d'entendre les sons qu'il aimerait. C'était donc à moi d'écrire des paroles qui collent à ça, ainsi qu'à l'histoire. Je pouvais aussi comprendre quelles voyelles il voulait, et j'essayais de coller à ça. Par contre, Oliver n'arrive pas écrire de fausses paroles, donc il écrit toujours de vraies paroles, mais il fait en sorte qu'elles soient marrantes. (rires) Quelque chose comme : (Charlotte chante) « Charlotte, s'il te plait, écris des paroles pour cette chanson, tu sais, ce n'est pas très compliqué ». Et ça me faisait tellement rire que parfois, elles restaient bloquées dans ma tête et ça devenait difficile de trouver autre chose sans entendre les paroles d'Oliver ! (rires) Donc oui, ce fût un processus plutôt amusant finalement !

Photo promo de Charlotte Wessels et Georg Neuhauser

Guillaume : Serenity assurait la première partie de Delain en 2011, et Georg a chanté « Control The Storm » avec toi. Est-ce à ce moment que vous vous êtes rencontrés ou le connaissais-tu déjà ?

Je crois que nous nous sommes rencontrés avant ça. J'ai la sensation que je le connais depuis plus longtemps parce que j'avais enregistré une chanson sur son album mais c'était après... Non attends, c'était avant ça ! Parce que lorsqu'on tournait ensemble, on avait déjà enregistré « Serenade Of Flames » qui était sur leur dernier album à ce moment là... Parce qu'on chantait cette chanson sur cette tournée si je me souviens bien... Je crois ? (rires) Désolée, mon cerveau est un peu embrumé, en tout cas, on se connait depuis un moment.

Sabrina : Quand Georg t'a contacté pour travailler sur ce projet, est-ce qu'il avait déjà une idée de l'histoire que tu allais écrire ou est-ce que tout vient de toi ?

En fait, à la base il n'était même pas question d'écrire un roman. Et il n'était pas non plus prévu que je travaille sur le concept. Quand Georg m'a contacté pour la première fois, ça donnait quelque chose du genre : « Je réfléchis à faire un album concept et j'aimerais bien que tu chantes dessus », donc plutôt en tant qu'invité. Et j'ai dit oui parce qu'on l'avait déjà fait, et que c'était sympa. Donc pourquoi ne pas recommencer ? Il voulait aussi faire cet album avec Oliver Philipps avec qui j'ai travaillé sur presque la totalité des albums de Delain. Georg avait l'idée d'un album concept mais il n'avait pas écrit les paroles et ne savait pas de quoi ça allait parler. Puis finalement, c'est Oliver qui a suggéré : « Charlotte écrit des paroles, elle pense souvent à des trucs bizarres, peut-être qu'elle a une idée pour le concept ? ». Donc ils me l'ont demandé et je me suis dit que ça devenait un travail beaucoup plus conséquent que de simplement chanter sur l'album de quelqu'un d'autre. Je me suis dit que ce serait intéressant mais je n'avais jamais pensé à écrire un concept album. En fait, les concept albums que je connais sont soit les albums que je préfère le plus au monde, soit des albums que je déteste ! (rires) Pour moi, il n'y a rien entre les deux, et je me suis dit que je n'arriverai jamais à faire aussi bien que mes modèles, du premier coup !

Guillaume : Peux-tu nous donner quelques exemples de concept albums que tu aimes ?

Tommy des Who et... (elle chuchote, un peu honteuse) Jesus Christ Superstar ! Donc je me suis dit qu'il fallait que je trouve un moyen de faire ça, à ma façon. Parce que ce que je n'aime pas, c'est lorsqu'il y a trop d'explications dans les paroles pour relier les chansons les unes aux autres. Quand tu es obligé de faire un truc du genre : (Charlotte chante) « Et ensuite ils sont allés là et ils ont fait ça ». (rires) Je déteste vraiment ça, mais je ne savais pas comment l'éviter. Donc finalement je me suis dit que si j'aime écrire, alors peut-être je pourrais combiner mon ambition d'écrire un jour de la fiction dans le cadre d'un album concept. Et d'ailleurs, peut-être pourrais-je faire d'une pierre deux coups, parce que si je fais le livre, je n'ai pas à laisser les paroles faire tout le travail. Je peux les traiter comme si les chansons étaient séparées et elles n'ont pas à raconter toute l'histoire de A à Z. De cette façon, le roman et les chansons peuvent se compléter. Vous pourrez voir que, dans certains cas, certains extraits du livre peuvent être directement adaptés en chanson, comme pour « Incomplete ». Par contre, pour « Let It Die », par exemple, il ne s'agit pas d'un passage particulier du livre : il est plutôt question de ce sentiment de culpabilité que ressentent Robin et Jacob et de l'idée de se libérer. Au final, comme j'étais déjà largement impliquée dans le projet, j'ai aussi participé à l'écriture des morceaux, ce qui fût très agréable.

Guillaume : On sait que 2015 a été une année très chargée en concerts pour toi et que Georg était aussi occupé à écrire son nouvel album de Serenity. Avez-vous quand même trouvé le temps de travailler tous ensemble avant d'enregistrer l'album ?

De nos jours, c'est très facile de travailler à distance. On a eu de nombreuses conversations via Skype, trop même ! On a enregistré beaucoup de choses à la maison, des premières idées que nous avons ensuite envoyées et sur lesquelles il y a eu un nombre important d'aller-retours. Je suis allé chez Oliver, quelques fois. Mais on s'est dit qu'on faisait ce projet tous les trois : on devait donc mettre un point d'honneur à passer du temps ensemble en studio, ne serait-ce que parce que cela deviendrait un bon souvenir, une fois le projet fini. On a donc fini par nous réunir chez Oliver pendant l'enregistrement des parties de chant. C'était vraiment très sympa. Mais, oui, c'est vrai que c'était une année très chargée. Je pouvais m'occuper de l'écriture à peu près n'importe où, même si c'était parfois compliqué de se concentrer dans le tourbus. C'est quelque chose que j'ai fait à chaque fois que j'étais inspirée. Mais au final, je crois que 80% du roman a été écrit au milieu de la nuit, peu de temps avant la deadline. C'est très dur de s'y mettre et d'y rester parce qu'il y a toujours des gens qui appellent ou envoient des emails, et je me laisse déconcentrer tellement facilement... Donc je me suis rendue compte que le seul moment durant lequel je pouvais vraiment écrire, c'était au milieu de la nuit, de préférence avec un verre de vin, ou deux... voire même trois ! Mais en sachant que tout le monde dort, que personne ne viendra me déranger à part mes chats ! Et c'est comme ça que je m'en suis sortie malgré une année chargée. Abandonner l'idée de dormir, c'était la solution ! (rires)

Clip video de Let It Die (PHANTASMA)

Sabrina : Grace à ce qu'on a déjà pu lire, on commence à avoir une bonne idée de ce dont parle le roman. Ce type d'histoire et toutes ces grues en origami me font penser à des films de Miyazaki comme « Le Voyage De Chihiro ». Est-ce que ça a été une source d'inspiration pour toi ?

Tout d'abord, j'adore ce film. Ce n'est pas directement inspiré de ce film mais, dans l'histoire, l'idée des cent grues en origami vient d'une légende japonaise. J'ai utilisé pleins de légendes de pleins d'endroits du monde, je les ai mélangées, sans vergogne, et j'espère que ça ne gênera personne ! Il existe une légende japonaise qui raconte que si tu fabriques cent grues en origami, alors tu as le droit à un vœu. Et dans cette histoire, Robin et Jacob ont une maladie qui les rend si fragiles. Ils sont très protégés et sortent très peu de chez eux. Ils doivent trouver à s'amuser chez eux, sans sortir de la maison. Et ce que Robin préfère, c'est l'origami. Elle a d'ailleurs une chambre remplie de créatures en origami. Les grues sont ses préférées : elle n'arrête pas d'en faire. Puis à un moment, des choses bizarres commencent à arriver et les créatures prennent vie. Et plus tard, on comprend que c'est parce qu'elle a en effet plié cent grues en origami. Et c'est ce qui va les catapulter dans leur aventure et aussi les guider.

Guillaume : Dans le clip de « Let It Die », on peut voir un étrange personnage avec des bois de cerf et des éléments végétaux sur la tête. Cela m'a fait penser à une divinité amérindienne. Est-ce que ça a été une source d'inspiration pour toi ?

En fait, ce personnage représente un autre personnage très important dans le roman. Les grues en papier mènent les enfants à une divinité. Or le truc à propos de cette divinité, c'est qu'elle apparaît de manière différente à chaque personne qui la voit. Elle est basée sur la légende de la Kelpie écossaise, une nymphe aquatique qui attire les gens dans l'eau. Mais en fait, elle apparaît à chacun de la façon dont ils ont envie de la voir. Si c'est un homme, la Kelpie devient une belle femme, et si c'est femme, alors elle devient un bel homme. Et lorsque ce sont des enfants, elle se transforme en cheval amical qui leur propose de monter sur son dos. J'aimais cette idée d'une divinité qui change de forme pour devenir ce qu'il y a de plus attirant pour les enfants. Pour le clip, le réalisateur et la maquilleuse ont eu tout de suite une idée très claire de ce à quoi elle allait ressembler. Au début, j'ai dit non, parce que ce n'est pas à ça qu'elle ressemble. Mais, au final, comme elle est censée être différente pour chaque personne, je me suis dit que s'ils partageaient cette vision de son apparence, alors ça me convenait ! J'aime d'ailleurs beaucoup comment l'actrice a joué ça. Elle a un côté doux mais elle fait en même temps un peu peur. C'est comme le personnage dans l'histoire : on ne sait jamais si on doit l'aimer ou en avoir peur. Je pense que cette idée ressort particulièrement bien dans le clip. En ce qui me concerne, à la fin de la vidéo, je l'aime plutôt bien, mais je ne sais si ce sera le cas de tout le monde.

Photo promo de Charlotte Wessels pour Phantasma par Fabio Interra

Guillaume : On sait que le shooting photo a été fait par Fabio Interra et que le clip a été réalisé par Eder Robert. Mais où cela s'est-il fait ?

Dans les montagnes autrichiennes, dans un très bel endroit proche de chez Georg. On a vraiment utilisé les éléments naturels pour ces photos. On a fait les photos et le tournage plus ou moins en même temps pour que tout soit parfaitement raccord. Et je pense que tout a plutôt bien marché. Fabio Interra était vraiment une très bonne surprise, parce que j'ai juste trouvé deux de ses photos sur Instagram. Et j'ai dit : « Je ne sais pas qui c'est mais je vais lui envoyer un message tout de suite » ! « Est-ce que tu veux travailler avec nous parce que j'adore ça ! » (rires) Donc oui, il est italien et on a très bien travaillé ensemble, et j'adore le résultat que cela a donné !

Sabrina : Plus généralement, on sait que c'est le premier roman que tu as écrit, as-tu eu de l'aide de quelqu'un ou de l'inspiration d'auteurs célèbres ?

Oui bien sûr, je me suis inspirée d'auteurs que je connais. Evidemment, il y a de nombreux auteurs dont je suis fan et je pense que tout ce qu'on lit peut être une source d'inspiration. Et je ne veux même pas me comparer à eux parce que ce serait un bien trop grand honneur, mais j'aime beaucoup George Orwell et j'adore Neil Gaiman. Et j'ai aussi reçu beaucoup d'aide. Tout d'abord, plusieurs personnes m'ont relue à de nombreuses reprises. Elles étaient là pour me dire si ce que j'avais écrit était clair et intéressant, ou s'il y avait des choses bizarres. Et ensuite, un ami scénariste à Los Angeles, Paul Salamov, l'a corrigé et c'était vraiment génial. Parce que ce n'est pas seulement mon premier roman, c'est aussi mon premier roman en anglais. C'est très différent d'écrire un livre en anglais ou des paroles de chansons car il y a beaucoup plus de choses que tu peux mal faire. Donc mes correcteurs, et lui en particulier, m'ont beaucoup aidé pour arriver au résultat final. Je ne voulais pas me contenter de l'écrire et le sortir tel quel. Je voulais vraiment que des gens puissent me donner un avis critique.

Sabrina : On peut entendre différentes atmosphères sur cet album. Quelque chose d'assez proche de Delain sur « Enter Dreamscape », un style plus classic rock sur « Carry Me Home » et une atmosphère plus sombre sur « Runaway Gray » et « The Lotus And The Willow ». Qui a amené chacune de ces différentes atmosphères ?

Et bien c'est intéressant parce que le truc, avec cet album, c'est que toutes les chansons sont très différentes. Mais, au final, elles marchent bien ensemble : Oliver a travaillé sur tous les arrangements et a donné une certaine uniformité à l'ensemble. Mais si tu écoutes les chansons que j'ai amenées, comme « Incomplete », « Let It Die », « Runaway Gray » ou « The Lotus And The Willow », ce sont des chansons très différentes de celles de Georg dans lesquelles tu peux vraiment entendre ce côté Queen ou Meat Loaf comme « Novaturient » et « Crimson Course ». Mais elles sont aussi très différentes de chansons comme « Enter Dreamscape » qui est d'Oliver. Mais je pense qu'elles se sont vraiment bien mélangées.

photo promo de Chloe Lowery

Guillaume : On peut aussi entendre trois autres chanteurs sur ce projet, Chloe Lowery, Dennis Schunke et Tom Englund. Pourquoi les avez-vous choisis ? Ont-ils chacun un rôle spécifique sur l'album ?

C'était un des plus gros défis parce que lorsqu'on fait un album concept, le choix le plus logique est de donner un rôle précis à chacun. Mais comme j'ai eu une approche plus libre de la nouvelle et des chansons, ça ne me semblait pas être la meilleure idée. On a donc simplement regardé quelles parties collaient le mieux à chaque personne. Ce qui est intéressant, c'est que certaines chansons donnent un point de vue général, alors que d'autres fonctionnent vraiment comme des conversations entre les personnages. J'ai donc travaillé comme avec un puzzle, en disant telle personne est bien pour telle passage, et telle autre est bien pour cet autre passage. Et au final, Tom s'est retrouvé à chanter toutes les parties qui sont du point de vue du père. Ce n'est pas forcément ce qui était prévu au début, mais ça s'est juste fait comme ça. Ensuite, Chloe et Dennis ont un point de vue plus général. Enfin, je fais toutes les parties de Robin, et Georg fait toutes les parties de Jacob. Donc au final, et même si nous ne l'avions pas prévu comme ça, certains d'entre nous ont quand même plusieurs rôles, par exemple je chante du point de vue de la mère sur « Runaway Gray ». En revanche, aucun personnage n'est partagé par plusieurs chanteurs. Et Chloé... mon dieu qu'elle est douée ! À la base, je suis celle qui devait chanter sur la démo, puisque c'était mon idée. Puis j'ai entendu ce qu'elle en a fait et je me suis dit : « Je vais donc arrêter de chanter dès maintenant, au revoir ! » (rires) C'est vraiment excellent et j'en suis très contente : c'est vraiment cool, parce que grâce à sa façon de chanter, elle amène vraiment la chanson à un autre niveau !

Guillaume : La couverture ainsi que les illustrations de l'intérieur de l'album sont de Marco Mazzoni. Comment avez-vous travaillé ensemble ?

Lui aussi est un de mes artistes préférés ! Donc je lui ai envoyé un message disant (Charlotte fait semblant de taper et prend une petite voix timide) « Je travaille sur ce projet, s'il te plait s'il te plait s'il te plait ! » Et il était très enthousiasmé par cette idée. Il m'a dit que ça faisait longtemps qu'il avait envie de faire des illustrations pour une histoire, mais qu'il n'avait jamais trouvé la bonne histoire. Je suis donc très honorée que cet homme, dont je suis une très grande fan, ait trouvé que mon histoire soit la bonne pour en faire des illustrations pour la première fois. J'ai commencé par lui parler de l'idée générale de l'histoire. Puis je lui ai envoyé des extraits, parce que ce n'était pas terminé. Je lui ai aussi parlé des grues en origami et de l'idée de la divinité, parce que c'est une notion importante. Et pour moi, c'est la divinité qu'on voit sur la pochette. Je lui ai aussi donné quelques instructions comme le fait que la divinité ne doit pas tenir le cœur dans ses mains. Je ne voulais pas non plus qu'on puisse voir si c'est un homme ou une femme, parce que pour moi, cette divinité est très androgyne, et parce que c'est sûrement comme ça qu'elle m'apparaîtrait. J'adore vraiment le résultat : d'ailleurs, je l'ai rencontré la semaine dernière lorsqu'on était à Milan et c'était très sympa. On a échangé de nombreuses idées et ça a donné ce que tu vois.

Dessin de Marco Mazzoni

Sabrina : On sait que 2016 sera une année chargée pour vous avec la sortie du nouvel album de Delain, et celle de l'album de Serenity pour Georg mais avez-vous prévu de tourner avec Phantasma ?

On ne fera pas de tournée mais je pense qu'on aime tous les deux beaucoup l'idée de l'amener sur scène à un moment. Et comme il y a l'histoire ainsi que tous ses éléments visuels, mon idée est de faire quelque chose de très gros, de faire directement quelques concerts dans un théâtre ou... de ne rien faire du tout. Par exemple, la maison de disque a proposé qu'on fasse des festivals mais j'ai vraiment la sensation qu'accrocher une centaine de grues en papier sur scène sera un peu compliqué dans ces conditions ! (rires) J'ai envie de faire ça bien avec un peu plus de vingt minutes de temps d'installation.

Sabrina : Donc ce serait sûrement aux Pays-Bas ou peut-être en Autriche ?

Bonne question. Mais pour l'instant ce n'est pas qu'on ne s'y intéresse pas, mais on a tous les deux beaucoup travaillé pour arriver à sortir cet album dans les temps. Georg, de son côté, a encore du travail pour la sortie de son album de Serenity et je travaille déjà très dur pour le prochain album de Delain. Donc, pour l'instant, nous allons déjà nous occuper de ça parce que si on souhaite amener ce projet sur scène, il faudra faire ça bien !