Retour à l'accueil

« Attraction Theory, c'est vraiment une envie de collaborer avec toute personne qui le souhaite, qui a envie ou qui est attirée. »

Interview de Constance Amelane (ATTRACTION THEORY)

Le curriculum vitæ de Constance est impressionnant : ayant une formation de comédienne et d'actrice au cours Florent, elle fait aussi du doublage. Egalement chanteuse autodidacte, la "French Scenic Art Lover" comme elle aime se qualifier doit jongler entre sa vie professionnelle d'artiste et sa vie de jeune maman. C'est pourquoi, après avoir posé sa patte sur d'autres projets (Whyzdom, Rebirth, Women In Iron Form...), elle décide aujourd'hui de se focaliser sur Attraction Theory, son nouveau bébé. L'occasion pour moi d'évoquer avec elle son parcours et ce premier EP entre metal mélodique et metal progressif.

Twitter Facebook

Lire la suite →

Propos recueillis à Paris par Guillaume le 7 novembre 2017, retranscrits par Sabrina.

P

Guillaume : En plus de notre activité de webzine, nous nous occupons du fan club français de Nightwish. Pour l'anecdote, nous avions distribué le premier EP de Whyzdom, « Daughter Of The Night » en 2008, et à l'époque, si je ne dis pas de bêtise, tu chantais dans le groupe sous le nom de Telya Melane. Pourrais-tu retracer ton parcours depuis cette époque ?

Constance : Il s'est passé beaucoup de choses. Ce furent des années très riches et constructives avec beaucoup de rencontres. A l'époque, je voulais continuer dans la voix du métal, mais en parallèle, j'avais aussi ce gout pour le théâtre et les comédies musicales. J'ai donc exploré pas mal d'univers et ça a été porteur. J'ai fait des rencontres supers, j'ai notamment travaillé avec un compositeur de musique de films pour un projet qui s'appelait Rebirth, dans un style rock electro.

Justement, j'ai écouté Rebirth que je ne connaissais pas et j'ai trouvé ça très agréable car assez inhabituel.

Oui c'était surtout des influences pop, electro, rock. On a rapidement fait notre premier album. Il y aussi un concert qui s'est fait. Mais c'est vrai que j'avais toujours cette envie de revenir au métal. Tu sais ce qu'on dit : « chassez le naturel, il revient au galop ». Et puis la vie fait que tu rencontres les bonnes personnes au bon moment, lorsque tu es prêt. Attraction Theory est clairement le projet qui voit le jour dont j'ai envie aujourd'hui.

J'avais aussi noté que tu avais un peu tourné avec Elferya ?

Oui c'est vrai, il y a eu le Montreux Jazz Festival et aussi la première partie d'Epica au Parabole Festival. Il y a eu encore Paris Metal France Festival avec Women In Iron Form, avec qui je jouais pour la première fois.

Quelles sont tes influences musicales ?

J'ai un grand respect et une grande admiration pour Mylène Farmer. En tout cas, je trouve que c'est la seule artiste française qui arrive à mettre des choses scéniques en lumière. Je suis très attachée au côté visuel et esthétique de par ma formation de comédienne et d'actrice au cours Florent. Dans le métal, j'écoute aussi beaucoup de choses. In This Moment a été une belle révélation le son, la prod, la voix assez particulière de Maria. Après dans le métal, les grands classiques : Epica, Nightwish.

Nous nous sommes également croisés au concert de Delain, récemment.

En effet, Delain aussi. Je suis très mélomane, j'écoute beaucoup de choses et c'est vrai que je suis assez éclectique. Mais ce qui me plait beaucoup dans le métal ou le rock, c'est cette énergie sur scène. Par le passé, j'ai eu l'occasion de tester d'autres univers, d'autres styles musicaux. C'est cette énergie, cette fougue scénique qui m'a manqué pendant tout ce temps.

Avant Attraction Theory, avais-tu un goût particulier pour le métal progressif ?

En fait, c'est marrant, parce que mon premier groupe était un groupe de métal progressif : les membres étaient très fans de Dream Theater, le guitariste était aussi un membre de Polaris. J'ai commencé comme ça donc c'était finalement assez naturel d'y revenir. Au final, on revient toujours à ce qu'on a aimé au départ.

Constance Amelane

Y a-t-il un fil conducteur entre les trois titres principaux de l'EP en terme de thématique et s'agit-il de l'amorce d'un futur concept album ?

Pour Attraction Theory, la grande nouveauté pour moi, c'est que je me suis mise à écrire mes propres textes. Jusque là, j'étais uniquement interprète, chose que j'aimais énormément, mais l'écriture était quelque chose qui me manquait pour pouvoir m'exprimer pleinement et vraiment porter un message. Et voilà ce qu'est Attraction Theory : un message positif. Après, est-ce qu'il y a un lien ? Ce sont des thématiques que j'avais envie d'aborder. Par exemple, pour « The Eye », je suis fascinée par ce qu'on peut voir dans un regard. Je trouve que dans un regard il se passe beaucoup de choses et j'avais vraiment envie de parler de ça. Ce sont des sujets qui me touchent tout simplement. Le morceau « Attraction Theory » porte le nom du projet du groupe : chacun en fera sa propre analyse, car bien sûr il y a plusieurs interprétations pour Attraction Theory. Et Principia est le nom du recueil de Newton sur cette théorie.

Ah oui, bien sûr, la loi de la gravitation.

Oui voilà, d'ailleurs dans le deuxième couplet d'Attraction Theory, il est vraiment question de perception. Parce qu'en fait, avec Attraction Theory, tu as deux manières de voir les choses. Tout dépend vraiment de la façon dont tu te places: il y a le côté théorie et le côté attraction. Après, je te laisserai deviner quel est le côté attractif et quel est le côté théorique. (rires)

Pochette de l'EP Principia (2017)

Oui j'ai ma petite idée ! (rires) Votre EP propose deux versions différentes de deux morceaux. Avez-vous rencontré un dilemme au moment de choisir la version à retenir ? Ou avez-vous envisagé cet EP comme un banc d'essai en prévision d'un album complet ?

Attraction Theory, c'est vraiment une envie de collaborer avec toute personne qui le souhaite, avec toute personne qui a envie et qui est attirée. C'est Aymeric Ribot qui a travaillé sur le réarrangement de ces deux morceaux et ça a été un véritable coup de coeur quand il nous a proposé les deux versions. Donc ça a été finalement une évidence de les mettre. C'est aussi une autre facette, une autre couleur musicale. On est plutôt dans un style métal heavy progressif mélodique, mais après on verra comment les gens nous classifient. Mais avant tout, on est des musiciens, des passionnés, on ne se met aucune limite. Les influences sont tellement riches et diverses, que ce soit symphonique, électro, pop, métal, B.O... parce qu'il y aussi ce côté un peu épique, B.O de film.

Justement, comment est-ce que vous envisagez cet album ? Je sais que les groupes n'aiment pas trop les étiquettes. Personnellement, je vois avant tout le côté progressif même si je vois aussi tout le reste. Donc pour toi, le chantant et l'ayant composé, est-ce qu'il y a une influence majeure qui prend le pas sur le reste ou est-ce que c'est vraiment un mélange de toutes ces influences ?

C'est vraiment comme je te disais. Quand on est mélomane et qu'on aime vraiment profondément la musique, toutes les musiques nous parlent d'une certaine manière. Après ce qui change la donne et qui fait que tu marques la différence, c'est cette énergie là, que tu retrouves uniquement dans le métal au sens large du terme et un peu dans le rock aussi. Il y a deux semaines, on a eu notre showcase pour la sortie de l'EP chez Gibert musique donc nous sommes partis sur des morceaux acoustiques naturellement, ce qui montre qu'il y a vraiment plusieurs manières de présenter une musique. Mais j'ai envie de dire, l'essentiel est là. La production va sublimer un morceau, l'enjoliver, lui donner un côté plus brut et c'est justement ça qui est intéressant. Parce qu'en fait on part d'un guitare voix classique et puis on arrive à quelque chose avec un arrangement, des choses assez travaillées. En tous cas, jusque là, c'est une méthode de travail qui pour le coup m'était inconnue.

L'artwork a été conçu par Mythrid Art, dirigé par Mickey. Peux-tu m'en dire plus sur cette collaboration ?

On cherchait quelqu'un qui puisse faire une jolie pochette et lorsque nous sommes tombés sur son site, en voyant tout son travail, on a eu le coup de coeur. Les choses se sont faites de manière très naturelle, très simple, très fluide. Il a pu écouter l'album, on lui a expliqué le concept pour avoir une idée globale de ce qu'était le projet. Et puis on lui a aussi donné certaines directives. C'est quelqu'un qui travaille vraiment très bien, il est très réactif, professionnel. C'était vraiment super de travailler avec lui.

Je voudrais qu'on évoque rapidement le groupe Headline. C'est un groupe que j'aime beaucoup et qui me tient à coeur parce que c'est le tout premier que j'ai interviewé en 2002. Attraction Theory a un destin fortement lié au groupe Headline puisque il y a deux membres en commun, et la chanson « Silent Signs », dans sa composition, a même quatre membres en commun dont un ancien (Sylvie Grare au chant et Raphael Léger à la batterie).

C'est un groupe que je connais déjà depuis un moment parce qu'on a fait le Paris Metal France Festival pour lequel j'ai été invitée à chanter en duo avec Sylvie à l'époque. Et comme je te disais, pour Attraction Theory, on voulait vraiment que ce soit une musique qui nous plaise et savoir que les membres qu'on a choisi sont des personnes vraiment compétentes. Et je pense qu'Headline a vraiment marqué les esprits : ils ont toujours été très bons et pros dans leur projets, avec et en dehors d'Headline. Christophe a tout de suite accepté de s'investir dans Attraction Theory. Raphael est un excellent batteur, donc tout cela est plutôt assez fluide. Sylvie a aussi écrit un texte, elle a une très belle plume.

Je voulais juste faire un petit aparté parce que leur nouvel album avait été annoncé pour 2011 et puis il a été reporté plusieurs fois et je voulais savoir si tu pouvais m'en dire un peu sur le statut du groupe.

Je ne fais pas partie de Headline moi ! (rires) Je suis venue ici pour parler d'Attraction Theory, mais ce que je peux dire c'est que le groupe n'a pas splitté. Et l'anniversaire de l'album « Escape » arrive bientôt, donc on verra.

Comme tu viens de le rappeler, tu as chanté « To France » avec eux au Paris Metal France Festival en 2013. Ce qui m'amène à te parler des concerts. Vous avez joué au Paris Metal France Festival 2017, au Fertois Rock In Fest et avez fait un showcase récemment chez Gibert Joseph. Je n'ai pas réussi à trouver les setlists de ces concerts. Peux-tu me dire comment s'articule un concert de Attraction Theory ?

Déjà on prévoit de sortir un album complet pour 2018 donc il y a des morceaux qui sont déjà prêts et qui sont intégrés dans la setlist des concerts. Après, dans un cadre de festival, c'est un temps assez court par groupe donc on est sur trente minutes avec des titres de l'EP et puis, bien sûr, aussi des titres qui feront partie du futur album.

Donc, peut-on imaginer un album en 2018 avec un line-up équivalent à celui d'aujourd'hui ?

Avec un line-up qui sera selon les envies et les inspirations des morceaux, en fait. Parce que, finalement, t'as un aperçu de ce qu'est Attraction Theory. Tu as bien évidemment des membres qui sont définis dans une configuration live. Après, sur album, il peut y avoir des invités et d'autres personnes.

Je posais aussi la question notamment par rapport à John Macaluso. C'est un batteur très demandé qui a également rejoint Labyrinth en 2016 et je me demandais s'il était également présent pour les concerts que vous avez fait.

Oui, tout à fait. Il était présent au premier concert au Paris Metal France Festival et aussi au Fertois Rock, récemment. C'est vrai qu'il est assez occupé et assez sollicité, mais en fait il a été attiré, intéressé tout de suite. On lui a fait écouter les morceaux et il a tout de suite dit que ça lui plaisait. Il a dit : « ça me branche bien, j'ai bien envie de le faire, de faire partie de cette aventure ». Et il faut dire qu'il connaissait déjà Didier en amont de par son ancien groupe Ark. Donc les choses se sont faites tout simplement, naturellement.

Constance Amelane & Didier Chesneau

Est-ce qu'il y a quelque chose de central ou d'important à propos du projet que tu voudrais dire et dont nous n'avons pas eu l'occasion de discuter ?

Non, je pense que ta première question était intéressante parce que c'est vrai qu'il y a eu une grande évolution sur tous les plans, aussi bien musicaux que personnels. Donc je pense aussi que les personnes qui ont suivi cette évolution depuis Whyzdom verront forcément un changement positif.

D'ailleurs, peux-tu m'en dire plus sur le groupe de métal progressif que tu as évoqué précédemment ?

Oui, il s'agissait de Mr Stroomberg. J'en faisais parti, mais quand Vince m'a contacté pour Whyzdom, j'ai du faire un choix parce que je voulais tellement m'investir dans un projet à 200%... Puis, finalement, c'est clairement ce que j'ai fait jusque là. Jusqu'au jour où j'ai réalisé que le meilleur moyen de s'investir et d'être 100% en harmonie avec toi-même, c'est de faire ton propre projet.

As-tu une idée précise de la sortie du prochain album ?

De notre côté, on sait qu'il sera prêt au printemps 2018 mais comme l'EP vient de sortir, on est un peu dans le nouveau et la promo.

Est-ce que ce sera une continuité de l'EP ou au contraire une nouvelle direction ?

Tout dépend de la sensation que tu as eu de l'EP en fait.

J'ai trouvé l'EP très agréable, avec des réminiscences de Headline pour le côté progressif, mais aussi beaucoup plus de diversités et d'influences variées.

Oui c'est sûr qu'avec deux membres permanents d'Headline, tu vas forcément retrouver pleins d'éléments fondateurs du groupe dans la composition. Et sinon pour répondre à ta question : oui, la majorité de l'album est prêt, il ne nous reste que quelques morceaux à retravailler.

Constance Amelane lors de notre interview au Hard Rock Café à Paris, le 7 novembre 2017