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« Nous sommes comme une sorte de super cool panneau publicitaire de la scène metal féminine, de ce qu'elle était et de ce qu'elle est maintenant. »

Interview de Liv Kristine, Anneke Van Giersbergen et Kari Rueslåtten (THE SIRENS)

Juste avant Noël, The Sirens nous a offert le dernier concert de leur tournée européenne au Divan Du Monde. La formation, composée de Liv Kristine, Kari Rueslatten et Anneke Van Giersbergen, s'est réunie pour une série de shows exceptionnels. Avec ces concerts, les trois chanteuses nous donnent la possibilité de vivre en live les morceaux de leurs précédents groupes (Theater of Tragedy, The Third and the Mortal et The Gathering) mais aussi de leur carrière solo respective.

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Propos recueillis à Paris par Sabrina et Guillaume le 20 décembre 2014, et traduits par Sabrina.

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Sabrina : Vous avez déjà expliqué que l'idée de The Sirens était née durant l'été 2013, mais le projet n'a été annoncé officiellement que début juin 2014. Comment êtes-vous passés d'une simple idée évoquée entre deux concerts à un vrai projet concret et à une tournée ?

Anneke : C'est en fait la partie qui nous a demandé le plus de travail. Maintenant tout roule, on fait les concerts et c'est assez simple. Tout se passe sans accroc. Mais depuis l'idée de départ jusqu'à cette grosse production, c'est beaucoup de travail. Il faut choisir les chansons, en discuter, puis les répéter. Ensuite il faut apprendre les paroles de toutes ces chansons, et ainsi de suite. Et après ça, il faut trouver des dates de concert, ce qui est loin d'être simple. Mais lorsque tout est fait et qu'on monte enfin sur scène, c'est le meilleur sentiment qui soit. Cela donne un grand sentiment d'accomplissement de réaliser enfin ce show de presque deux heures. Il semble que cela plaise beaucoup au public et c'est vraiment un sentiment génial.

Kari Rueslåtten et Liv Kristine à l'occasion du concert de The Sirens à Paris, le 20 décembre 2014

Sabrina : Liv et Kari, depuis que l'idée a été évoquée pour la première fois en 2013, vous avez toutes les deux enregistré un album. L'idée de The Sirens et de la tournée à venir ont-ils influencé d'une quelconque façon l'écriture et la composition de vos albums respectifs ?

Liv Kristine : Pour moi, The Sirens, c'est quelque chose de totalement différent, c'est fait dans un autre esprit. Il y a ma carrière solo d'un côté puis Leaves' Eyes et The Sirens. Il s'agit de s'impliquer et de concentrer son énergie. Il faut être vraiment concentré sur ce pour quoi on travaille sur le moment. Je n'écrirais pas une chanson pour Leaves' Eyes pour ensuite aller voir les filles et leur dire : « hey les filles, voilà une nouvelle chanson pour The Sirens ». Ce n'est pas comme ça que ça marche donc c'est vraiment une question de concentration.

Ecoutez la réponse de Kari

Kari : De mon côté, ce que je fais en carrière solo est beaucoup plus acoustique avec une atmosphère pop/folk. Donc pour la setlist de The Sirens, j'ai choisi les morceaux les plus rock de mes albums pour qu'ils collent au concept. Mais je me rends compte maintenant que certains morceaux que nous jouons sont plus acoustiques comme « Why so lonely » et « Trollferd ». Ce qui marche très bien avec la guitare sèche et le violoncelle. C'est aussi bon pour la dynamique du concert, ça crée un bel éventail couvrant les chansons les plus rock jusqu'aux plus douces. Et puis, cela commence à bien fonctionner auprès du public. Mais bien sûr, comme l'a dit Liv, il y a une grosse différence entre notre carrière solo et The Sirens. Quand on s'est mise d'accord sur l'idée de faire The Sirens, c'était dans le but de faire du live et de s'amuser en faisant une sorte de voyage dans le passé. Notre carrière solo c'est différent, c'est plus personnel.

Photo promo de The Sirens

Guillaume : Vous connaissiez-vous toutes les trois à l'époque où vous chantiez dans « The Gathering », « The Third And The Mortal » et « Theatre Of Tragedy » ?

Anneke : On se connaissait à travers notre musique, on s'inspirait les unes des autres, surtout à cette période des débuts du metal à chant féminin. Mais on s'était jamais rencontré.

Liv Kristine : On tournait dans le monde entier au même moment, mais sans jamais se croiser.

Kari : Il faut dire qu'à cette époque il n'y avait pas internet. Donc pour communiquer, on s'écrivait des lettres et on s'envoyait des cassettes ! (rires)

Liv Kristine : Oui et nous devions répondre aux lettres de nos fans à la main et les envoyer par la poste ! (rires)

Guillaume : Aujourd'hui, vous jouez le dernier concert de la première partie de votre tournée. Comment cela se passe jusqu'à maintenant ?

Anneke : Très très bien. Jusqu'à maintenant, ça a vraiment été génial. Le public a été incroyable, tellement chaleureux et accueillant. Et on a aussi vraiment hâte d'être à ce soir, puisqu'aucun autre public ne peut être comparé au public français.

Sabrina : Entre vos carrières solos et vos anciens groupes, vous avez un nombre impressionnant d'albums et de chansons parmi lesquels choisir. Comment vous-êtes vous décidé sur la setlist et sur quels morceaux vous chanteriez à deux ou à trois ?

Kari : Cela s'est fait de manière très démocratique. On avait toutes les trois six chansons à choisir et chacune a donc choisi ses six chansons librement. Mais c'était aussi important pour nous de créer un certain équilibre entre les chansons les plus rock et les ballades pour avoir une bonne setlist. Pour ce qui est de savoir qui allait chanter avec qui, c'est venu assez naturellement.

Liv Kristine : On a juste choisi nos chansons, on a fait part de nos choix aux autres, et tout s'est fait assez facilement. Puis, on s'est vue et ça a marché ! (rires)

Anneke Van Giersbergen à l'occasion du concert de The Sirens à Paris, le 20 décembre 2014

Sabrina : Entre vos groupes actuels et vos carrières solo, vous êtes habitués à jouer avec différents musiciens. Comment avez-vous choisi ceux qui joueraient avec vous sur cette tournée ?

Liv Kristine : Je n'ai pas de groupe attitré qui joue avec moi dans le cadre de ma carrière solo, et Leaves' Eyes était de toutes façons en train de composer en studio. Je crois que c'était pareil pour toi Kari.

Kari : Oui, c'est pour ça que jouer avec le groupe d'Anneke était le choix parfait parce qu'ils sont déjà un vrai groupe. Ils étaient aussi capables de gérer la variété des différents types de morceaux que l'on chante et de créer un tout cohérent. Cela sonne comme un vrai groupe et non comme six musiciens indépendants.

Anneke : Et cela a aussi rendu tout le processus de préparation plus simple et pas aussi stressant que cela peut l'être parfois. Lorsqu'on a commencé à répéter, ils étaient déjà prêts sur tout. Donc on est arrivé, et on a juste eu à ajouter les éléments spécifiques à nos chansons et nos voix. Et c'était parfait.

Liv Kristine : Et en plus ils sont beaux !

Anneke : Oui absolument, c'est un joli groupe !

Sabrina : En plus des chansons de vos carrières solos et de vos précédents groupes, vous jouez aussi deux nouvelles chansons que vous avez enregistrées spécialement pour ce projet. Pouvez-vous nous dire comment elles ont été composées et par qui ? Vous-êtes vous réunies toutes les trois pour les travailler ?

Anneke : En fait, chacune de nous trois est à l'origine d'une chanson puisqu'il y en a une troisième composée par Kari, qui sera bientôt prête. Ce qui est plutôt cool ! « Sisters Of The Hearth », la chanson au rythme rapide vient de Liv, et j'ai écrit la ballade. Comme nous vivons dans des pays différents, on ne peut pas aller les unes chez les autres pour composer, ce serait beaucoup trop long. Donc nous avons juste lancé des idées. La beauté de ces chansons c'est que nous avons toutes notre propre empreinte musicale mais ces trois morceaux réunis représentent bien ce qu'est The Sirens. Et c'est super de les jouer en public toutes ensemble parce que ça permet aussi aux gens de mieux nous connaître.

Kari Rueslåtten à l'occasion du concert de The Sirens à Paris, le 20 décembre 2014

Guillaume : Vous avez réalisé un clip-photo pour « Embracing the seasons », avez-vous prévu de réaliser un vrai clip pour l'une de ces chansons ?

Liv Kristine : Non, c'est super cher !

Anneke : Pour The Sirens, on fait les concerts, et l'argent qu'on gagne est directement réinvesti pour les prochains concerts, pour le groupe, ou imprimer des t-shirts, ce genre de chose... En fait, l'argent que nous gagnons ne permet pas d'investir dans l'enregistrement d'un album ou d'autres choses de ce genre. The Sirens est un projet uniquement live et on utilise l'argent pour améliorer les concerts ou en faire plus. Et c'est bien ainsi, parce que The Sirens est aussi un moyen pour nous de montrer qu'on existe, qu'on a nos carrières solo. Ce qui fait que ceux qui viennent aux concerts parce qu'ils sont fans de Liv vont aussi nous découvrir Kari et moi. Et vice-versa. C'est cool de pouvoir montrer à nos fans respectifs ce qu'il se passe ailleurs. Nous sommes comme une sorte de super cool panneau publicitaire de la scène metal féminine, de ce qu'elle était et de ce qu'elle est maintenant.

Kari : Cela dit, on a du contenu vidéo très chouette grâce au mari de Liv (Alexander Krull) qui est très bon.

Liv Kristine : Oui, il s'améliore là-dessus ! (rires de toutes les trois)

Kari : Donc on espère qu'on en aura assez pour créer un clip live.

Guillaume : Nous avons été ravis d'apprendre la nouvelle que vous jouerez en première partie de Nightwish à Trondheim (Norvège) en août 2015. Et bien que nous adorerions venir à ce concert, peut-on aussi espérer que ça se reproduise sur plus d'une seule date sachant que la tournée européenne et française de Nightwish aura probablement lieu peu de temps après ?

Liv Kristine : Ce n'est pas prévu pour le moment, mais si on nous invite, nous dirons évidemment oui !

Guillaume : Ils seront en France probablement vers Novembre. La salle de leur dernier concert parisien était Bercy, ce qui représentait 10000 personnes.

Anneke : Wow, on dirait définitivement oui !

Kari : Je sais que Tuomas est un grand fan de ce que je faisais à l'époque de « The Third And The Mortal ». Le show à Trondheim est dans une très grande salle et c'est vraiment un honneur qu'ils nous aient invitées.

Anneke : Et qui sait, s'ils nous entendent jouer et qu'ils aiment, peut-être qu'ils nous proposeront de faire d'autres concerts.

Sabrina : The Sirens est en quelque sorte une célébration de la façon dont vous avez toutes les trois été des pionnières dans le milieu du metal à une époque où il y avait très peu de groupes avec des femmes au chant. Du coup, avez-vous déjà songé à inviter d'autres chanteuses pour se joindre à vous pour une chanson, un concert ou même une partie de la tournée ?

Liv Kristine : On n'a jamais pensé à ça !

Kari : Mais c'est une bonne idée cela dit !

Anneke : Oui, The Sirens, en tant que projet, pourrait continuer avec trois autres chanteuses qui prendraient le relais. Et est-ce que ce n'est pas cool d'imaginer que The Sirens est The Sirens, quelles que soient les chanteuses ?

Liv Kristine : L'important ce sont les voix, l'amour de la musique et l'esprit du metal à chant féminin. Donc on est vraiment très ouvertes à ce sujet, mais pour l'instant je voudrais juste chanter avec Kari et Anneke. Je ne voudrais les échanger contre personne d'autre ! (rires de toutes les trois)

Kari Rueslåtten, Anneke Van Giersbergen et Liv Kristine à l'occasion de notre interview à Paris, le 20 décembre 2014